Les conclusions de l’étude AlpSatellites menée dans l’arc alpin (en France dans le PETR du Briançonnais Ecrins Guillestrois Queyras) ont été rendues publiques fin février, lors d’un évènement dédié. Les membres de notre association avaient été sollicités pour s’exprimer sur les enjeux et leurs besoins. Voici les principaux enseignements.
Le périmètre de l’étude AlpSatellites
Pour rappel, voici les principales finalités et périmètres de cette étude :
- Une étude menée sur 18 mois dans 3 pays alpins : le Val d’Aoste (Italie), le Voralberg (Autriche), et côté France le PETR du Grand Briançonnais, le tout dans le cadre du programme Interreg Alpine Space de l’Union Européenne.
- Des territoires ayant des contextes similaires : dépopulation, vieillissement, isolation, et qui observent tous les 3 l’arrivée de type nouveaux habitants.
- Un binôme collectivités / université, dans chaque pays, pour mélanger les points de vue et garantir la rigueur scientifique. Côté France, l’ACSSQ (association centre social du Guillestrois Queyras) et Aix-Marseille Université (antenne de Gap) menaient l’étude, avec l’appui du PETR du Grand Briançonnais.
- Son objectif : comprendre comment la transition vers le travail hybride et les bureaux satellites peut répondre aux enjeux de revitalisation des zones de montagne. Le coworking et le travail hybride peuvent être une opportunité pour attirer de nouveaux ou jeunes habitants, et faciliter le travail des habitants actuels, tout en répondant aux enjeux environnementaux (réduction empreinte carbone transports) et aux nouveaux styles de vie (work life balance).
- Les méthodes utilisées : revue de littérature universitaire, entretiens et questionnaires, visite des espaces coworking, ateliers participatifs, rapports d’étape, avec prise en compte contexte alpin et local, visites croisées dans les 3 pays
- La tagline du projet : « vivez où vous voulez, travaillez où vous voulez »
Précisions apportées par Marc (impliqué dans le pilotage & réalisation du diagnostic), sur les périmètres et limites de l’étude :
L’objectif de l’étude était largement de sensibiliser les collectivités locales à la présence non insignifiante de ces nouveaux habitants & « séjournants », de mettre en avant le potentiel réel vs l’existant, et d’identifier des « quick-wins » que l’on peut rapidement mettre en place. En résumé, mettre en scène, impliquer, souligner les potentiels, avec des démarches participatives avec toutes les parties prenantes.
La singularité de cette étude est un benchmark avec d’autres vallées alpines, ce qui n’a jamais été fait : cela permet de s’assurer que ce besoin est réel et de comparer les pratiques / actions en cours. Nos vallées sont similaires côtés enjeux territoriaux.
« L’étude à budget très limité ne nous a pas permis d’aller rencontrer la CCI Régionale, afin d’étudier plus en détail les interactions intra-PACA. Le diagnostic a été réalisé avec la participation de nombreux bénévoles du groupe Queyravenir de l’ACSSQ : c’est déjà une belle prouesse et porteur de sens. »
Les conclusions de l’étude sont de nature à alimenter la réflexion dans le cadre des futures élections locales (municipales 2026), et les démarches de dynamique dans l’arc alpin (Alpine Space / Europe)
NB : des adhérents DAS ont participé en tant que prestataires à cette étude (phase 1)

Les 4 phases de l’étude
- Phase 1 – Impliquer les acteurs locaux (ateliers)
- Phase 2 – Analyse des conditions favorisant ces nouvelles formes de travail sur nos territoires (SWOT)
- Phase 3 – Co-design des solutions durables locales avec les élus pour favoriser l’installation de télétravailleurs dans l’Espace alpin
- Phase 4 – Éclairer les décideurs pour réussir les solutions de travail à distance dans les Alpes (synthèse)
- Les conditions de faisabilité, d’impact et d’extensibilité
- Synthèse du cadre règlementaire actuel
Les principaux résultats (côté France)
- Italiens et Autrichiens ont été agréablement surpris de la qualité des équipements recensés sur le PETR : de nombreux espaces de coworking, 2 incubateurs majeurs (Luceo / Altipolis), 1 espace innovant (coliving CloudCitadel / Briançon) et un réseau fibre / 4G / 5G très avancé. Les Hautes-Alpes n’ont pas à rougir. Des débits internet ne sont néanmoins pas encore partout homogènes, mais des actions sont en cours sur ces sujets.
- Le profil des télétravailleurs en montagne est très divers : pluriactifs; nomades digitaux, couples à double carrière, propriétaires de résidences secondaires, vacanciers télétravailleurs. Ils ont un fort besoin de se déplacer et de s’intégrer sur le territoire, mais font aussi usage de plusieurs typologies de lieux (maison individuelle, espaces de coworking publics ou privés, hôtels)
- Pour permettre à ces nouveaux travailleurs de rester de manière durable, il faut être attractif. Le nombre de télétravailleurs déjà sur le territoire n’est pas neutre (certains même travaillent à l’international depuis nos territoires). On retrouve là les enjeux des territoires de montagne en France (cf. Plan Montagne), dont plusieurs sont déjà en cours de travail dans les trois collectivités :
- Logement & foncier (location ou acquisition, abordables et de qualité)
- Transport collectifs cadencés, y compris pour le balancier entre local et régional voire nationale, pour rejoindre les grandes capitales économiques
- Services au public minimaux (écoles, services de l’état, hôpitaux, poste, accompagnement à l’installation, pistes de mobilité douce, etc.)
- Commerces et services ouvert à l’année (et non pas uniquement saisonniers), y compris l’offre culturelle
- Les attirer et les pérenniser sur le territoire c’est aussi travailler le lien / l’accueil / l’intégration dans la communauté locale, et proposer les équipements adéquates (fibre, 5G, zones blanches, espaces coworking, incubateurs).
- Un énorme besoin de rendre visibles toutes les facilités déjà disponibles : les collectivités ne vendent pas ce qui existe, pas de portail recensant ne serait-ce que les tiers lieux existants. Des projets de nouveaux tiers lieu sont annoncés, l’étude AlpSatellites a même généré des vocations (TETRAS à Guillestre).
- Une opportunité détectée : faire ajuster la politique de l’Agence départementale de développement économique et touristique (Addet) pour qu’elle fasse la promotion des atouts de nos territoires pour le travail à distance. Certaines autres destinations le font déjà (ex: pays de la Loire)
Notre association a mis en place une carte dynamique recensant les espaces de coworking 04 05. C’était l’un des besoins identifiés dans les conclusions de l’étude AlpSatellites.
Pour aller plus loin
Vous trouverez ci-dessous les synthèses officielles de l’étude.
Rapport de Synthèse en Français – benchmark FR/IT/AU
Site web AlpSatellites